Lost in translation en Chine
Avec 30 jours de visa chinois, impossible de parcourir cet immense pays uniquement en pédalant. Après y avoir globalement échappé, le moment est venu de se coller aux trajets en bus affichant des durées à deux chiffres. Et qui dit descendre de nos vélos dit aussi trouver des solutions pour leur faire traverser le pays. Et nous qui pensions naïvement que ce serait une formalité…
Notre plan d’attaque avait pourtant l’air simple. Remonter du Yunnan vers le Nord, puis direction le Nord-Ouest vers Pékin et reliant ces villes en bus ou train : Shangri-La → Daocheng → Litang → Chengdu → Pékin
Shangri-La → Chengdu : à nous de vous faire préférer le…. rrrrrrrrr ptffffff….. bus !
On avait lu tant de chouettes articles de blogs sur cette partie de la Chine, culminant entre 4000 et 5000 mètres d’altitude. Litang, cette ville à la culture tibétaine marquée. On avait aussi lu que les trajets en bus pouvaient y être épiques, à flanc de falaise. Alors on s’est dit que ça valait le coup de tenter cette voie.
Le matin tôt, nous arrivons avec les vélos chargés dans le terminal de bus. Il n’est que 7 heures et nous retrouvons nos poumons de fumeur en seulement 30 minutes d’attente. Le hall est envahi par la fumée acre de la vingtaine d’hommes qui se grillent clopes sur clopes en attendant leur bus.
Samy prend les devants et montre à la dame chargée d’ouvrir et fermer les portiques d’accès aux bus notre billet et les vélos. Elle l’invite à patienter. Puis, crie un nom incompréhensible 20 minutes plus tard. D’autres voyageurs nous confirment que c’est bien notre destination. La foule s’amasse au portique et au lieu de nous ouvrir le plus large, la guichetière nous gueule dessus pendant que nous essayons de faire passer les vélos dans l’étroit passage.
Là, un chauffeur à l’énergie de Droopy, s’enquiert de savoir où nous allons. En entendant Daocheng et en voyant nos vélos, il écarquille les yeux, perplexe à l’idée de devoir les embarquer. Il nous ouvre un mini coffre arrière où, de toute évidence, les vélos ne rentrent pas. Puis il désigne le toit du doigt. Il tire l’échelle et lance à Samy, « go, go » ! Alors, on vient de lui filer un billet de 50 yuans, et le mec ne prend même pas la peine de bouger ses fesses pour arrimer les vélos. C’est donc Samy qui les hisse à bout de bras depuis le toit et se charge de les sécuriser comme il peut à l’aide de tendeurs. Au bout de 10 minutes, Droopy se décide tout de même à lui balancer une vieille sangle pourrie, tout en lui lançant toutes les deux minutes “okay, okay”. Du genre « c’est bon, fais pas de zèle ! ».
Une fois le bus démarré, on commencerait presque à prier pour qu’ils arrivent en un seul morceau. La route consiste en des lacets et revêtements défoncés au milieu de gorges et de falaises arides et hostiles. La route mesure parfois seulement la largeur du bus avec le précipice à quelques centimètres, sans barrière ni muret !
A cela s’ajoute un confort des plus minimes. Les sièges sont étroits, raides comme la justice et crades. Après deux heures de trajet, nous nous arrêtons au milieu de rien pendant une bonne heure sans comprendre la raison. Boh, on a que 10 heures à passer dans ces conditions !
10 heures de bus dans la promiscuité met déjà les nerfs de n’importe qui à l’épreuve, mais 10 heures de bus avec ces Chinois, ce jour-là, là y’a de quoi travailler sérieusement sa tolérance au bruit. Raclage de gorge, remontage de glaviots, pets fracassants totalement assumés, bruits de bouche ouverte en mangeant ou en slurpant les goulots de bouteilles, musique à fond, cris dans le téléphone comme si l’interlocutrice se trouvait reliée par un pot de yaourt, ronflements sonores… Tout cela, sans susciter la moindre réprobation générale.
« Your bicycle will be send by the master »
En fin de journée, le bus arrive finalement à Daocheng. La gare routière est immense et vide. Mais, heureusement, le guichet est encore ouvert. Je m’occupe de nous trouver un bus pour le lendemain pendant que Samy descend les vélos du toit. La guichetière ne parle pas anglais, mais cela ne nous étonne plus. Je demande « Litang ? » et je récolte un « Mei Yo » (Il n’y a pas). Je tente de demander différentes dates, mais apparemment et contrairement à ce que nous avait assuré notre hôtel la veille, il n’y aucun bus pour Litang. Je commence à m’inquiéter un peu quand un monsieur assis derrière lance « Chengdu ». OUF ! On prend ! Reste à expliquer que nous avons deux vélos et comprendre combien ça coûte. Cela prendra une bonne vingtaine de minutes. Comme d’habitude, rien n’est simple dans la communication. La guichetière s’évertue à me montrer le chiffre 610 quand je lui demande des précisions sur ce à quoi correspond ce montant à grand renfort de mimes et de Google traduction… Est-ce pour les deux voyageurs, vélos compris ? Elle appelle un collègue qui dégaine son smartphone. On cherche à savoir où vont voyager les vélos. Cette fois-ci, on aimerait qu’ils ne voyagent pas sur le toit ! On nous traduit « They will be send by the master ». Hmm hmm !?
Vu les quiproquos suscités par le traducteur, on change de stratégie et on opte pour les questions fermées.
« Est-ce que les vélos voyagent sur le toit ? »
« Non »
Ok parfait.
« Est-ce que le prix pour un vélo est de 100 yuan ? ».
« Oui »
Ok, super. On paie 804 Yuans en tout. Il ne nous reste quasiment aucun argent et la bonne nouvelle c’est qu’il n’y aucun distributeur à Daocheng. Evidemment.
Sur nos billets, il est écrit 600 yuans et nous ne voyons rien qui indique que des vélos vont être embarqués. C’est reparti pour des moulinets avec les bras mimant les pédales, pour demander où sont passés les 200 yuans que nous venons de donner… Le collègue au smartphone s’avère être le chauffeur. Il brandit les 200 yuans et les glisse dans sa poche. En fait, ces montants qui nous sont demandés pour les vélos n’ont pas l’air très officiels. Le prix varie donc en fonction de l’humeur, de la sympathie du chauffeur ou de la couleur des sièges B23 et B24…
La nuit passée à Daocheng, c’est reparti aux aurores pour 14 heures de trajet. Des sièges confortables, de la place pour les jambes, les vélos calés en soute, on passe les trois premières heures à dormir comme des bébés…
Mais c’est sans compter sur la décontraction corporelle des passagers ! Cela fait seulement trois heures que nous sommes partis et l’air du bus est déjà vicié. Dès la première pause pipi, nous entrons dans un autre monde. Samy va aux toilettes gardées par une mamie, il en déduit qu’elles doivent être nettoyées. Il revient avec une large grimace. Ça sent la pisse et la merde, et ça ne fait pas que sentir. Ici, tout le monde chie l’un devant l’autre, au dessus d’une rigole sans papier ni chasse d’eau, en toute décontraction. Petit clip de musique sur le smartphone pour poser sa pêche.
Nous restons à l’extérieur du bus jusqu’à la dernière minute pour retarder notre entrée dans l’air tiédasse. Mais c’est déjà reparti pour un concert de raclure de gorge et de crachats. A côté de nous, un groupe de jeunes se délecte d’oeufs à la couleur verdâtre peu ragoûtante. Miam !
La partie suivante du trajet est un enfer. Il commence à refouler une odeur indéfinissable dans le bus. Un mélange de saucisse de yack reconstituée, de pets étouffés dans des joggings en coton et de chaleur humaine humide. Le chauffeur a mis le chauffage à fond aux pieds ce qui rend le trajet encore plus exotique. Les seules fois où la fenêtre la plus proche s’ouvre, c’est quand le passager derrière décide d’évacuer le glaviot consistant qu’il vient de faire descendre bruyamment de son nez. Ceux qui sont éloignés de la fenêtre se contentent de cracher dans un seau placé dans la travée. Seau qui a apparemment servi à recueillir du vomi de la passagère devant nous. Lorsqu’un autre chauffeur prend la relève et se met à conduire comme si les freins avaient lâché, c’est la goutte d’eau, je (Delphine) suis sur le point de vomir. Je réussis à faire ouvrir la fenêtre derrière nous. Mais nous sommes à 4000 mètres d’altitude, alors le passager, frileux, n’ouvre que quelques minutes sans que l’air ait le temps de se renouveler. On se couvre le nez tant bien que mal avec des mouchoirs. Et puis, Alleluia, les petits ventilateurs se mettent en marche. C’était moins une.
« Money, money ! »
Vient la pause midi. On s’arrête dans un restau glauque. Derrière le comptoir, deux femmes vocifèrent en balançant des grosses cuillerées de plats cuisinés dans des plateaux en inox. Elles nous lancent « money, money ! » avant même qu’on ait le temps de choisir ce que nous voulons. On leur tend les 25 yuans et elles nous donnent une paire de baguette. Comme on est complètement à sec, on décide de se partager un plateau à deux. Elles refusent de nous donner deux paires de baguettes pour un seul plateau. On leur mime qu’on veut partager et elles nous gueulent à nouveau « money, money ». Alors là, y’a du monde pour parler anglais, tiens ! Furieux et refusant de plier, on leur demande de nous rendre notre argent et on se rabat sur des noodles. Après tout, ça ne fait que trois jours d’affilés qu’on ne se nourrit que de ça !
La suite du trajet n’est qu’une escalade dans la puanteur et la dégueulasserie. Le summum est atteint dans d’autres toilettes. Une ignominie totale. Dès le hall de la gare de bus, les relents d’excréments nous prennent aux narines. De mon côté, les portes ne fermant plus, les filles urinent les unes devant les autres. Il y a des traces d’excréments et d’urine partout, sans que cela n’émeuve personne. Du côté de Samy c’est pire, il doit se soulager au milieu d’un parterre d’étrons remplis de mouches !
Plus que 6 heures à tenir ! Heureusement, les paysages sur la route sont magnifiques, des prairies d’altitude avec de petits buissons ronds comme des moutons se faisant plus rares vers les sommets, des villages tibétains accrochés à flanc de falaises, des troupeaux de yaks et de cochons noirs paissant tranquillement dans les prairies fleuries, des ruisseaux courant au milieu de l’herbe rase… Le bus fait encore une pause à 19 heures pour manger. Encore un restau glauque, on passe notre tour…
Un jeune qui a vécu aux Etats-Unis engage la discussion avec Samy. Une fois la conversation finie, il décide tout simplement d’ambiancer le bus en mettant de la grosse soupe hip-hop, RnB américaine à plein volume jusqu’à l’arrivée, sans susciter aucune réaction du reste des passagers.
Le bus nous dépose en plein milieu de la route et nous rejoignons notre hôtel. Un quiproquo fait que nous nous retrouvons dans une chambre qui sent… exactement comme dans le car !
Chengdu – Pékin : une journée de perdue pour une journée gagnée !
Traumatisés par notre expérience du bus, on aimerait vivement prendre un train pour rejoindre Beijing. Anticipant le merdier, on se fait écrire par l’hôtel une phrase en chinois demandant comment prendre le train avec deux vélos. Arrivés à la gare de l’Est (il faut se rendre à la bonne gare selon la destination) bondée, on se range dans l’une des files d’attente sans savoir si c’est la bonne. Deux jeunes chinois se proposent de nous aider et nous informent que nous ne pourrons probablement pas faire voyager nos vélos en train. Avec une autre voyageuse, ils supputent sur les conditions. Peut-être que s’il est pliable oui. Peut-être que s’il est dans une boîte et démonté oui. Vient notre tour au guichet et la jeune chinoise confirme l’info auprès de la guichetière. « Mei yo », ce n’est pas possible. Pendant ce temps, son ami est parti voir à la sécurité qui répond la même chose. On aimerait bien poser des questions subsidiaires. Du genre, comment peut-on faire alors ? Existe-t-il des wagons cargo, un service de fret pour envoyer nos vélos comme nous ont dit plusieurs warmshowers ? Mais, cela ne vient pas à l’idée de la guichetière d’indiquer l’information et aux deux jeunes bien qu’adorables non plus. Ils sont très (trop) aidants et prennent tout en charge sans qu’on arrive à guider notre quête. Ils en concluent que, peut-être, le mieux serait de prendre le bus. On les libère après l’incontournable selfie. Et on tente de se renseigner à la gare de bus. Étant la gare de bus de l’Est, on imagine que, comme la gare ferroviaire située à 50 mètres, c’est ici que partent des bus pour Beijing.
Eh bien pas du tout ! Ils partent d’une autre gare. Oui, mais laquelle ? C’est reparti pour se renseigner. Impossible de se connecter au moindre wifi gratuit. On doit donc rentrer à l’hôtel. Dans un élan d’espoir, on tente de glaner des infos à la gare de bus juste à côté de l’hôtel. On nous dit qu’une petite agence vend justement des billets de train à deux pas de là et peut nous renseigner. Le bureau se trouve dans une espèce de placard à balais. On tend notre précieux papier écrit en chinois. Sans même nous regarder, la guichetière s’assoit lourdement à son bureau, saisit un papier et nous écrit en chinois des lettres et des chiffres sans qu’on y comprenne un traitre caractère. On file demander de l’aide à l’agence de voyage située à côté. Une jeune fille (qui parle anglais alleluia), nous indique que pour avoir des infos il faut appeler un numéro de téléphone. On lui explique qu’on ne lit ni ne parle le chinois (nous sommes obligés de préciser les deux à chaque fois, sans quoi ils nous écrivent en chinois sur un papier). Elle propose gentiment de le faire pour nous et finit par nous donner un autre numéro à appeler.
On décide de rentrer à l’hôtel pour demander de l’aide. Une employée nous apprend qu’on peut envoyer nos vélos par le train. Compter 117,5 yuan par colis, mais il faut qu’il soit dans une boîte. Très bien. Pas simple mais pourquoi pas…. Comment on fait ?
Elle nous répond qu’un transporteur peut venir récupérer nos colis. Est-ce un service privé ou des chemins de fer ? Un peu les deux comprend-on mais ce n’est pas clair. Elle parle pourtant bien anglais, mais la façon de fonctionner diffère radicalement. Impossible de savoir si nous pouvons envoyer nous-même les vélos à la gare. Elle nous donne des infos au compte-goutte sans que nous puissions connaître toutes les options.
En désespoir de cause, on passe un coup de fil à un warmshowers qui aurait la possibilité de nous aider à envoyer les vélos. Pour ne rien arranger, il ne parle pas bien anglais. Il nous indique que prendre le train avec ne sera pas possible. Puis nous dit que l’on peut passer par un service de livraison, ce qu’il fait habituellement. Confier nos vélos à la compagnie de fret des chemins de fer nous semble envisageable mais confier nos vélos à un transporteur privé nous refroidit davantage… Nous flottons au milieu d’un no man’s land d’informations. On commence à envisager sérieusement de serrer les dents et de prendre le bus. Au moins, les vélos voyageraient avec nous.
Mais quel bus prendre et où ?
Une employée de l’hôtel passe un coup de fil et nous apprend qu’il n’existe plus de bus pour Xi’an, pourtant la plus grosse ville entre Chengdu et Pékin. On commence à être sérieusement perdus. On fait des recherches sur Internet pour trouver des villes sur le chemin. On repère Taiyuan, une ville bien plus petite, mais indiquée par des moteurs de recherche internationaux comme une escale possible. Le personnel de la guesthouse nous confirme que des bus relient Chengdu à Taiyuan, sans pouvoir nous dire si des bus relient ensuite Taiyuan à Beijing, qui est tout de même la capitale ! Pour en avoir le cœur net et acheter nos billets nous filons vers la gare routière idoine, située au Nord.
« Sorry, I don’t understand »
Sur le trajet, nous passons devant la gare ferroviaire du Nord et au milieu de rien, on aperçoit une sorte d’entrepôt de colis avec un groupe de cyclistes qui, apparemment, vient de récupérer des vélos envoyés par le rail. Je vais vers eux pour leur demander s’ils parlent anglais. Echec ! On abandonne et on poursuit l’idée du bus. Nous atterrissons dans un quartier très glauque. La gare de bus d’où nous sommes censés partir est à cette image, vide, brinquebalante et poussiéreuse. Un seul guichet est ouvert avec une dame qui, évidemment, ne parle pas anglais. Elle nous confirme qu’il y a un bus pour Taiyuan et qu’on peut y mettre nos vélos. Parfait !
Et pour la suite du trajet, Taiyuan -> Beijing? Mystère. Elle nous fait non de la main et fait passer les autres clients. Devant nos questions, elle appelle une fille dans l’arrière boutique qui se pointe avec son téléphone. On pense qu’elle va nous aider. Eh bien pas du tout ! La guichetière, elle, se contente de continuer de nous faire signe de la main négatif pour le trajet Taiyuan – Beijing.
Elle se contente de répondre, comme toutes les personnes que nous avons sollicité jusqu’ici, au pied de la lettre aux questions que l’on pose. Peine perdue de demander quel est le meilleur moyen d’aller à Beijing ! Que ce soit à la gueshouse ou aux guichets, on se contentera de nous dire qu’il n’y pas de bus direct pour Beijing. Point barre. Sans chercher à nous indiquer dans quelle autre ville nous pourrions faire étape.
Bon, puisqu’il faut tout demander noir sur blanc, on écrit cash avec Google traduction.
« Pouvez-vous chercher sur votre ordinateur si des bus font la liaison Taiyuan – Beijing ? »
« Mei yo » (non),
« Pouvez-vous appeler pour nous la gare de Taiyuan, afin de savoir si des bus partent pour Beijing ».
« Mei yo »
La batterie de Samy affiche moins de 5 %. Aaaaaarrrrrrghhhhhh !
Un jeune connaissant trois mots d’anglais tente de nous aider mais on arrive au même résultat. Personne n’est foutu de nous dire si Taiyuan dispose de bus pour aller à Pékin, et encore moins de nous dire comment nous pouvons trouver cette info ! Un gars qui erre dans le hall la brioche à l’air et qui n’a pas perdu une miette du spectacle sort un carnet, qui ressemble à un carnet de tombola et nous marque ce que nous comprenons être Taiyuan-Beijing comme s’il voulait nous vendre un trajet. Devant tant de what the fuck, nous partons et rentrons bredouille.
Sur le chemin du retour, je propose à Samy de se renseigner à l’entrepôt des colis. Lui, n’y croit pas du tout. On tombe sur une jeune fille parlant quelques mots d’anglais. Suffisamment pour nous expliquer que nous nous trouvons au fret Beijing-Chengdu et que le fret Chengdu-Beijing se trouve à quelques mètres de là, près du KFC. O miracle ! Au guichet, un trentenaire répond tout juste à notre « Nihao ». On lui tend notre papier en chinois et tentons de lui expliquer : « we want to send the bicycle to Beijing », à grand renfort de mimes. Il fronce les sourcils et revient à son Mah Jong en ligne. On poireaute quelques minutes et il se décide enfin à taper sur son ordinateur. S’affiche un prix : 235 yuans. Ça correspond à ce que nous avait dit la guesthouse. Pour la première fois, une info concorde !
A force de questions fermées sur Google trad, on arrive à comprendre que l’envoi prendrait 3 jours pour Pékin sans qu’on ait besoin de les envoyer en pièces détachées. On tente de lui faire écrire l’adresse exacte du dépôt à laquelle vont arriver nos précieux. Il se contente de froncer les sourcils et de nous répondre esquissant un rictus. « Sorry, I don’t understand » avant de reprendre tranquillement sa conversation sur Wechat. Le portable de Samy s’éteint, nous n’avons plus aucun moyen de communiquer.
Cela fait déjà 10 heures que nous nous occupons de cette histoire. Nous rentrons épuisés, sans avoir trouvé de solution claire. Mais l’envoi du vélo semble possible. Soyons fous ! On trouve des billets de TGV en ligne pour le 4 juillet (qui ne part pas de la même gare que nos vélos…). Le lendemain nous allons au dépôt pour envoyer nos vélos après avoir pédalé 10 kilomètres sous une tempête de vent et de pluie.
Arrivés à Pékin, nous récupérons nos deux fidèles compagnons, soulagés et prêts à pédaler jusqu’à la muraille de Chine.
Et au fait, comment on va en Mongolie ensuite ? En bus ou en train ?
Comments are Disabled